@@ -24,24 +46,12 @@ Il y a beaucoup de liberté dans la décomposition d'un calcul en tâches d'un w
Pour faire les calculs, je vais recycler le code du module 3, sans les commenter de nouveau ici.
** Préparation
Un workflow finit par utiliser beaucoup de fichiers, donc je commence par la création d'un répertoire qui contient tout:
Un workflow finit par utiliser beaucoup de fichiers, il est donc prudent de les regrouper dans un répertoire, avec des sous-répertoires pour les scripts et les données:
#+begin_src sh :session *snakemake* :results output :exports both
mkdir incidence_syndrome_grippal_snakemake
cd incidence_syndrome_grippal_snakemake
#+end_src
#+RESULTS:
En plus, je crée un répertoire pour les fichiers de données,
#+begin_src sh :session *snakemake* :results output :exports both
mkdir data
#+end_src
#+RESULTS:
et un autre pour les scripts en Python ou R:
#+begin_src sh :session *snakemake* :results output :exports both
fait ce qu'il faut, et dépose les données dans le fichier =data/weekly-incidence.csv=. Je le supprime parce que je veux faire le téléchargement dans mon workflow!
#+begin_src sh :session *snakemake* ::results output :exports both
...
...
@@ -71,7 +81,7 @@ rm data/weekly-incidence.csv
#+RESULTS:
Je vais commencer la rédaction du =Snakefile=, le fichier qui déinit mon workflow:
#+begin_src :exports both :tangle incidence_syndrome_grippal_snakemake/Snakefile
#+begin_src :exports both :tangle incidence_syndrome_grippal/Snakefile
rule download:
output:
"data/weekly-incidence.csv"
...
...
@@ -86,40 +96,35 @@ snakemake download
#+end_src
#+RESULTS:
| Building | DAG | of | jobs... | | | | | | | |
| Using | shell: | /bin/bash | | | | | | | | |
| Provided | cores: | 1 | | | | | | | | |
| Rules | claiming | more | threads | will | be | scaled | down. | | | |
En regardant bien ce que =snakemake= dit au deuxième tour, il s'est rendu compte qu'il n'y a rien à faire, parce que le fichier souhaité existe déjà. Voici un premier avantage important d'un workflow: une tâche n'est exécutée que s'il est nécessaire. Quand une tâche met deux heures à exécuter, c'est appréciable.
...
...
@@ -127,7 +132,7 @@ En regardant bien ce que =snakemake= dit au deuxième tour, il s'est rendu compt
La deuxième tâche est le pré-traitement: en partant du fichier téléchargé du Réseau Sentinelle, il faut extraire juste les éléments nécessaires, et il faut vérifier s'il y a des données manquantes ou des erreurs. Dans un document computationnel, j'avais procédé pas par pas, en inspectant les résultats à chaque étape. Dans mon workflow, le pré-traitement devient une seule tâche, exécutée en bloc.
Il faut donc bien réfléchir à ce qu'on attend comme résultat. En fait, il faut deux fichiers de sortie: un qui contient les données qui seront analysées par la suite, et un autre qui contient les éventuels messages d'erreur. Avec ça, la deuxième règle s'écrit assez vite:
#+begin_src :exports both :tangle incidence_syndrome_grippal_snakemake/Snakefile
#+begin_src :exports both :tangle incidence_syndrome_grippal/Snakefile
rule preprocess:
input:
"data/weekly-incidence.csv"
...
...
@@ -140,7 +145,7 @@ rule preprocess:
Il y a donc un fichier d'entrée, qui est le résultat de la tâche /download/. Et il y a les deux fichiers de sortie, un pour les résultats et un pour les messages d'erreur. Enfin, pour faire le travail, j'ai opté pour un script Python cette fois. =snakemake= reconnaît le langage par l'extension =.py=.
Le contenu de ce script est presque un copier-coller d'un document computationnel du module 3, plus précisément du document que j'ai montré dans le parcours Emacs/Org-Mode:
#+begin_src python :exports both :tangle incidence_syndrome_grippal_snakemake/scripts/preprocess.py
#+begin_src python :exports both :tangle incidence_syndrome_grippal/scripts/preprocess.py
Jusqu'ici, j'ai lancé chaque tâche de mon workflow à la main, une par une. Avec le même effort, j'aurais pu lancer directement les divers scripts qui font le travail de fon. Autrement dit, =snakemake= ne m'a rien apporté, autre que sortir les noms des fichiers des scripts, qui devienennt ainsi un peu plus généraux, pour les transférer dans le grand script maître qui est =Snakefile=.
Attention, =snakemake= ne regarde que les fichiers listés sous "input", pas les fichiers listés sous "scripts". Autrement dit, la modification d'un script n'entraîne pas sa ré-exécution !
Je considère ceci un défaut de =snakemake=, car le script est une donnée d'entrée du calcul tout comme la séquence de chiffres à plotter. Un petit astuce permet de corriger ce défaut (à condition d'y penser chaque fois qu'on écrit une règle !): on peut rajouter le fichier script à la liste "input":
Le plus souvent, ce qu'on veut, c'est une mise à jour de tous les résultats suite à une modification. La bonne façon d'y arriver est de rajouter une nouvelle règle, par convention appellée =all=, qui ne fait rien mais demande à l'entrée tous les fichiers créés par toutes les autres tâches :
#+begin_src :exports both :tangle incidence_syndrome_grippal_snakemake/Snakefile
#+begin_src :exports both :tangle incidence_syndrome_grippal/Snakefile
Les plus paresseux mettent la règle =all= au début du =Snakefile=, parce qu'en absence de tâche (ou fichier) nommé sur la ligne de commande, =snakemake= utilise la première régle qu'il trouve, et pour la mise à jour total, il suffit de taper =snakemake=.
Comme =snakemake= gère bien toutes les dépendances entre les données, il peut même nous en faire un dessin, ce qui est fort utile quand les workflows augmentent en taille:
Pour comprendre cette ligne de commande, il faut savoir que =snakemake= produit ce graphe en exécutant les tâches. Voilà pourquoi il faut les arguments =--forceall all= pour être sûr que toutes les tâches seront exécutées. =dot= est un logiciel qui fait partie de la collection [[https://graphviz.org/][Graphviz]], son rôle est de traduire une description textuelle d'un graph en graphique. Le sigle "DAG" veut dire "Directed Acyclic Graph", graphe orienté acyclique. C'est un type de graphe qu'on trouve naturellement dans les descriptions formelles de dépendences parce que "acyclique" veut simplement dire qu'aucun fichier de données produit ne peut avoir soi-même comme dépendence, directement ou indirectement.
Le workflow que je viens de montrer produit 7 fichiers. Ce n'est pas beaucoup. On peut les nommer à la main, un par un, sans difficulté. Dans la vraie vie, par exemple en bioinformatique, un workflow peut facilement gérer des centaines ou milliers de fichiers, par exemple un fichier par séquence d'acides aminés dans une étude de protéomique. Dans une telle situation, il faut définir un schéma pour nommer les fichiers de façon systématique, et introduire des boucles dans le workflow dont les itérations seront idéalement exécutées en parallèle. Je vais illustrer ceci avec une variante de l'analyse de l'incidence du syndrome grippal. Elle utilise une forme plus détaillée des données brutes dans laquelle les incidence sont repertoriées par région plutôt que pour la France entière. Il faut donc répéter le calcul de l'incidence annuelle 13 fois, une fois pour chaque région. Pour simplifier un peu, le résultat principal de ce nouveau workflow sera un fichier qui contient, pour chaque région, l'année dans laquelle l'incidence était la plus élevée. Il n'y a donc pas d'histogramme.
Pour cette deuxième version, je crée un nouveau répertoire, et j'y fais une copie de tous les scripts, car la plupart ne nécessite pas de modification:
Pour cette deuxième version, je crée un nouveau répertoire, et j'y fais une copie des scripts qui seront réutilisés sans modification:
#+begin_src sh :session *snakemake2* :results output :exports both
Et puis je vais vous montrer le =Snakefile=, tout de suite en entier, que je vais commenter après.
#+begin_src :exports both :tangle incidence_syndrome_grippal_par_region_snakemake/Snakefile
#+begin_src :exports both :tangle incidence_syndrome_grippal_par_region/Snakefile
rule all:
input:
"data/peak-year-all-regions.txt"
...
...
@@ -997,7 +1052,7 @@ Commençons en haut: j'ai mis la règle =all= au début pour pouvoir être pares
Dans la règle =download=, seul le nom du fichier de données a changé par rapport à avant. J'ai trouvé le nom du fichier "par région" sur le site Web du Réseau Sentinelles. C'est après qu'il y a le plus grand changement: la définition d'une variable =REGIONS=, qui est une liste des 13 régions administratives, dont les noms sont écrits exactement comme dans le fichier des données. On devrait récupérer cette liste du fichier de façon automatique, et je montrerai plus tard comment faire. Pour l'instant, je préfère copier la liste manuellement dans le =Snakefile= afin de ne pas introduire trop de nouveautés d'aun seul coup. La variable =REGIONS= est utilisée immédiatement après, pour définir les fichiers de sortie de la règle =split_by_region=. La fonction =expand= produit une liste des noms de fichier en insérant le nom de la région au bon endroit dans le modèle.
Le rôle de la règle =split_by_region= est de découper les données téléchargées en un fichier par région, afin de pouvoir traiter les régions en parallèle et avec les même scripts que nous avons déjà. Le script appliqué par la règle est assez simple:
#+begin_src python :exports both :tangle incidence_syndrome_grippal_par_region_snakemake/scripts/split-by-region.py
#+begin_src python :exports both :tangle incidence_syndrome_grippal_par_region/scripts/split-by-region.py
Snakemake nous dit d'ailleurs explicitement quelle règle a été appliquée (=annual_incidence=), avec quel fichier d'entrée (=data/preprocessed-weekly-incidence-CORSE.csv=), et avec quel fichier de sortie (=data/annual-incidence-CORSE.csv=).
A la fin du workflow, il y a une nouvelle règle, =peak_years=, qui extrait l'année du pic maximal de chaque fichier d'incience annuelle, et produit un fichier résumant ces années par région. Sa seule particularité est la spécification des fichiers d'entrée, qui utilise la fonction =expand= exactement comme on l'a vu pour les fichiers résultats de la règle =split_by_region=. Le script Python associé est assez simple:
#+begin_src python :exports both :tangle incidence_syndrome_grippal_par_region_snakemake/scripts/peak-years.py
#+begin_src python :exports both :tangle incidence_syndrome_grippal_par_region/scripts/peak-years.py
On voit bien la structure du calcul, y compris le traitement des régions en parallèle.
* Cherchez l'erreur!
Il y a un point très important que j'ai laissé de côté jusqu'à maintenant pour me concentrer sur la partie technique: comment écrire et exécuter un workflow. Ce point est plutôt de nature méthodologique: il s'agit de la surveillance de possibles erreurs.
...
...
@@ -2933,4 +2986,3 @@ Missing data in record
Sans inspecter ces messages, auriez-vous soupçonné qu'il manquent tant de données pour la Corse, par exemple? Et si je n'avais pas fait attention à les rendre faciles à inspecter, l'auriez-vous fait quand-même?
On peut d'ailleurs se demander comment il est possible d'avoir tant de points manquants dans les données régionales, mais un seul point manquant dans les données nationales qui devraient, en théorie, être simplement la somme sur les régions. Mais c'est une question que seul le Réseau Sentinelles peut répondre.