# -*- coding: utf-8 -*- # -*- mode: org -*- #+TITLE: Les références bibliographiques, un autre vecteur de transparence #+AUTHOR: Sabrina Granger #+STARTUP: overview indent inlineimages logdrawer #+LANGUAGE: fr * Introduction Il ne s'agit pas ici de traiter des questions de normes de présentation bibliographique : chaque discipline, voire chaque revue possède ses critères formels. En outre, le degré de formalisme des références bibliographiques diffère selon les pratiques disciplinaires : dans certains domaines, il faut citer la pagination, voire le paragraphe concerné alors que dans d'autres champs, cette précision n'est pas requise. En fonction du degré de précision requis dans sa discipline, on adaptera ses modalités de prise de notes pour retrouver les informations requises lors de la rédaction. * En quoi la question des références bibliographiques a-t-elle trait à la question de la reproductibilité ? :PROPERTIES: :CUSTOM_ID: en-quoi-la-question-des-références-bibliographiques-a-t-elle-trait-à-la-question-de-la-reproductibilité :END: Une gestion rigoureuse de l'appareil bibliographique constitue un gage majeur de transparence, qu'on travaille en sciences dites dures comme en lettres, langues, sciences humaines et sociales. Dans la perspective des sciences humaines et plus particulièrement des disciplines recourant à des méthodes qualitatives ou reposant essentiellement sur de l'interprétation de textes, l'enjeu principal est moins de reproduire des résultats que de donner à d'autres chercheurs.euses la possibilité d'étayer comme de réfuter le propos défendu. Or, les références bibliographiques donnent à voir les étapes de la construction du raisonnement et des hypothèses. La bibliographie constitue donc un faisceau d'indices de transparence pour un lectorat de chercheurs.euses : *la liste des sources est-elle exhaustive et représentative de l'ensemble des points de vue sur la question ou au contraire, présente-t-elle d'importants biais de sélection ?* * Gérer de la manière la plus systématique possible ses sources participe à réduire les erreurs de /reporting/ :PROPERTIES: :CUSTOM_ID: gérer-de-la-manière-la-plus-systématique-possible-ses-sources-participe-à-réduire-les-erreurs-de-reporting :END: Par erreur de /reporting/, on n'entend pas le fait d'aboutir à des conclusions différentes voire divergentes de celles de l'auteur.e de la référence citée. Il est question ici d'une erreur d'interprétation du propos initial. La pratique des citations dites de seconde main (ou citations secondaires) peut ainsi induire l'auteur.e en erreur dans la mesure où le texte cité n'est pas appréhendé dans son contexte original, mais à travers le filtre d'un.e autre auteur.e. /Quid/ du cas où *le texte original s'avère inaccessible* ? Votre lectorat doit disposer des références précises de la source citant le passage que vous reprenez. Par exemple : (Brown, 2010 cité par Jamison, 2012). Afin de ne pas laisser entendre de manière erronée que vous avez consulté directement la source : - soit la bibliographie mentionne uniquement le document citant la source - soit la référence est incluse dans la bibliographie dans une liste séparée ou signalée comme source non consultée au moyen d'un signe distinctif (un astérisque par ex.) *Le respect d'un formalisme dans la rédaction de la citation et de la bibliographie offre ainsi des repères à votre lectorat*. En cas d'impossibilité d'accéder à la source, une bonne connaissance de l'auteur.e citant le passage que vous souhaitez reprendre vous permet d'évaluer le degré de fiabilité de la référence utilisée. * Adopter un style bibliographique pour identifier plus facilement les sources citées Que votre document fasse quatre ou mille pages, appliquer un style bibliographique vous permet d'éviter d'oublier de mentionner des éléments nécessaires à l'identification d'un document. Un style bibliographique fournit en effet une trame des informations à compléter en fonction des types de documents cités : article de revue scientifique, monographie, billet de blog, article d'encyclopédie, présentation, /etc/. Certains champs sont facultatifs. La [[http://www.sudoc.fr/146773233][norme ISO 690]] vous permet d'identifier les éléments à mentionner obligatoirement selon le type de document cité. En effet, même si l'import du descriptif dans votre gestionnaire de références est automatisé, la notice obtenue peut s'avérer inexploitable. Tout va dépendre de la qualité du gisement d'informations consulté pour importer la notice. Ci-dessous, nous pouvons constater que pour une même référence, la qualité des descriptions varie selon le type d'outil consulté (moteur de recherche généraliste vs catalogue de bibliothèque). [[./comparatif-biblio.png]] Dans l'exemple ci-dessus, la mention de l'édition est une donnée importante pour identifier le document cité. Enfin, il est plus facile pour votre lectorat d'appréhender les références bibliographiques lorsque leur présentation est standardisée. Les gestionnaires de références bibliographiques permettent d'appliquer des éléments formels de manière homogène et automatisée. * Automatiser la gestion de ses références : qu'en attendre ou pas ? :PROPERTIES: :CUSTOM_ID: automatiser-la-gestion-de-ses-références-quen-attendre-ou-pas :END: Il existe plusieurs solutions. Parmi elles, [[https://www.zotero.org/][Zotero]] constitue une solution gratuite et /open source/ utilisée par une communauté d'utilisateurs grandissante et dynamique. Les fonctionnalités décrites ci-dessous reprennent grandement celles de Zotero. Un gestionnaire de références bibliographiques permet entre autres de : - *importer des descriptions bibliographiques* depuis des catalogues, des moteurs de recherche, des sites web, des plateformes d'éditeurs - *centraliser* les références collectées et constituer ainsi sa base de données personnelle, à la différence des outils proposés dans les traitement de texte. Word permet par exemple de créer une base de données de références bibliographiques, mais celle-ci est propre à un document. Ainsi, pour citer dans plusieurs documents une même référence, je dois la créer dans chaque document. - *exporter des références bibliographiques sous différents formats* : .html, .ris, .rtf - *partager ses références* soit de manière récurrente en créant des bibliothèques de groupes, soit de manière ponctuelle en exportant des références - *citer* des sources dans du texte en leur appliquant un style donné - éditer les descriptions collectées pour les corriger et les améliorer - *annoter les références bibliographiques* : vous pouvez par exemple associer à une description des passages que vous trouvez particulièrement intéressants ; les notes prises sur des supports extérieurs à votre gestionnaire (cahiers, fichiers, etc.) peuvent ainsi être associées au descriptif du document. Ces notes sont à usage internes et non visibles lors de la citation de la référence. - *organiser* des volumes importants de données ; vous pouvez créer des dossiers et des sous-dossiers ; classer les descriptifs dans plusieurs dossiers sans pour autant occasionner de doublons ; étiquetter des références pour indiquer celles que vous jugez fondamentales ou signaler les références en attente de lecture ; faire des renvois de références internes à sa bibliothèque ; créer des dossiers "dynamiques" : en sauvegardant une requête, vous créez un dossier où seront automatiquement classées toutes les références répondant aux critères enregistrés, indépendamment du classement manuel effectué. La liste n'est pas exhaustive. - *dédoublonner* les références ; on parle ici des descriptifs importés plusieurs fois et pas des références classées dans plusieurs dossiers - *naviguer dans ses références* grâce aux outils d'interrogation - travailler sur plusieurs postes sans problème de synchronisation de la base de références bibliographiques Un outil comme Zotero dispose même d'[[https://www.zotero.org/blog/retracted-item-notifications/][un plugin dédié au suivi des articles rétractés]]. Les gestionnaires de références bibliographiques automatisent la plupart des tâches, mais resteront toujours à la charge de l'utilisateur : - une étape d'*amélioration et de correction des données importées* : la qualité des sorties dépend en premier lieu de la qualité des données d'entrée. Or, si le gestionnaire peut identifier quelles sont les données importables dans une page web, il n'est pas en mesure d'évaluer leur qualité descriptive. Le problème peut être d'ordre quantitatif (i.e.: tous les champs obligatoires ne sont pas complétés), comme qualitatif (i.e.: les données comportent des inexactitudes, on constate des problèmes de graphie). Les pages de résultats d'un moteur de recherche généraliste offrent par exemple des descriptifs d'une qualité inférieure à celles d'un catalogue de bibliothèque et pour le lecteur, il peut être difficile d'identifier précisément la source citée.\\ - une *méthode de tri et d'organisation des données* ; ex. : il s'agit de prévoir régulièrement un nettoyage de sa base en dédoublonnant les références, revoir l'arborescence de ses dossiers, /etc/. Certes, les gestionnaires de références disposent de fonctionnalités de recherche, mais le problème des doublons reste par exemple entier sans nettoyage régulier. La difficulté est majeure : comme évoqué ci-dessus, la qualité des notices descriptives peut varier fortement. Or, si des doublons d'une même référence sont présents dans la base, tantôt vous utiliserez la notice A, tantôt la notice A' pour renvoyer à une même source. Or, ces 2 notices peuvent ne pas être équivalentes du tout : certes, elles sont censées renvoyer vers un même document, mais leur niveau d'information peut varier. Enfin, au moment de créer la bibliographie qui recense l'ensemble des références citées dans le texte, les notices A et A' apparaîtront toutes les deux alors qu'elles renvoient à la même source car le gestionnaire de références considère qu'il s'agit de 2 notices. - l'*enrichissement des informations /via/ l'annotation des notices* : on pourrait considérer cette étape comme facultative. Techniquement, rien n'empêche en effet de citer une source même si sa notice n'est pas accompagnée d'annotations. Mais retrouver facilement les extraits majeurs d'une source /via/ les annotations participe à fiabiliser votre gestion des références : descriptifs bibliographiques et extraits citables sont ainsi associés et les risques d'attribuer à tort une citation à une source s'amoindrissent. Ce type d'erreur est d'autant plus présent si vous vous appuyez sur plusieurs références d'un même auteur. Enfin, en annotant vos notices /via/ le gestionnaire de références, vous pouvez facilement retrouver les extraits sélectionnés grâce aux fonctionnalités de recherche. [[https://github.com/jkitchin/org-ref][Si vous travaillez avec Emacs, org-ref vous permet d'annoter vos références]]. La puissance et la facilité d'utilisation d'un gestionnaire de références constituent une arme à double tranchant : encore plus rapidement qu'avec une méthode manuelle, l'utilisateur.rice est confronté.e à une masse importante de références potentielles. L'étape de revue de littérature peut dès lors devenir envahissante dans le processus de recherche, surtout dans le cadre d'un travail de thèse. Analyser sa bibliothèque de références à la lumière de sa question de recherche constitue une méthode de tri non automatisable, mais plus efficace que la mise en place de filtres. * /Quid/ du texte intégral ? :PROPERTIES: :CUSTOM_ID: quid-du-texte-intégral :END: Quand on interroge une plateforme d'éditeur, il est aussi possible de collecter le texte intégral des articles (sous réserve des abonnements aux revues souscrits par votre institution) au moment où l'on charge son descriptif bibliographique dans son gestionnaire. Mais ces imports soulèvent rapidement la question du quota de stockage gratuit pour l'utilisateur. Sans entrer dans le détail des alternatives, vous êtes invité.e à considérer cette fonctionnalité avant tout comme une option de confort car la pertinence des gestionnaires de références réside avant tout dans l'aide qu'ils apportent dans la gestion et la citation des références bibliographiques. En d'autres termes, *mieux vaut un descriptif complet sans texte intégral plutôt qu'une référence lacunaire accompagnée de son texte intégral* : lors de l'étape de la citation, c'est le descriptif et non pas le fichier joint qui est exploité. * Compléments :PROPERTIES: :CUSTOM_ID: compléments :END: Le [[https://zotero.hypotheses.org/][blog Zotero francophone]] pour des conseils, l'actualité des développements Le [[https://www.zotero.org/][site Zotero]] comporte de la documentation et des [[https://forums.zotero.org/discussions][forums]] L'[[https://www.zotero.org/styles][entrepôt des styles Zotero]], gratuitement téléchargeables Les usages de la communauté des *juristes francophones* présentent des spécificités jusqu'à présent peu ou mal gérées par les styles existant dans l'entrepôt Zotero. L'exemple du style conçu pour l'école doctorale "Droit" de l'Université de Bordeaux apporte des pistes de réflexion : Flamerie de Lachapelle, Frédérique. 2019. 'Créer un style pour Zotero correspondant à une norme bibliographique juridique : retour d'expérience bordelais. Billet invité'. Billet. UrfistInfo (blog). 2 July 2019. https://urfistinfo.hypotheses.org/3305. Muller, Caroline. 2018. 'Cinq ans d'usage de Zotero, un bilan'. Billet. Acquis de conscience (blog). 9 March 2018. https://consciences.hypotheses.org/1184. Sergiadis, Ashley. 2019. 'Evaluating Zotero, SHERPA/RoMEO, and Unpaywall in an Institutional Repository Workflow'. Journal of Electronic Resources Librarianship, September. https://dc.etsu.edu/etsu-works/4739.